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CHATILA, les femmes et les enfants

Un film de Denys PININGRE
Production : AMD et l’association Chatila, les enfants de l’espoir

56 mn, 2010
VO sous-titrée en français, italien, suédois et arabe.

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Plus de 5 millions de Palestiniens vivent en exil, hors de la Palestine, dont 10 % au Liban. Dans le camp de Chatila, près de Beyrouth, longtemps après le massacre [1] perpétré en septembre 1982 par les phalangistes libanais sous l’œil bienveillant de l’armée israélienne et d’Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, les réfugiés continuent de rêver de justice, de sécurité et de retour dans leur pays.
Le film s’attache à ceux qui luttent depuis plus de 60 ans contre le silence, contre la perte de la culture et des traditions palestiniennes, et pour que les réfugiés puissent vivre dignement.

LES 5 PREMIÈRES MINUTES DU FILM

CE QU’EN DIT LE RÉALISATEUR

« J’ai tourné ce film principalement dans le camp de Palestiniens réfugiés de Chatila, à Beyrouth, Liban. Il décrit les conditions de vie de cette population apatride qui subit de la part de l’État Libanais une ségrégation depuis des décennies. Il évoque aussi le massacre de Sabra et Chatila perpétré en 1982 pas les Phalanges libanaises appuyées par les forces israéliennes. J’ai concentré mon attention sur les enfants et les femmes, premières victimes de ces difficiles conditions de vie imposées. J’ai aussi voulu qu’il soit rappelé que ce camp existe depuis la “Nakba”, c’est-à-dire depuis l’invasion de la Palestine en 1948, la création de l’État d’Israël et la déportation de 900.000 Palestinien(ne)s vers des pays voisins. Enfin, le film explicite le seul slogan des réfugiés Palestiniens : “une seule alternative, le retour ou le retour”. »

CE QU’EN DIT DENIS SIEFFERT, dans POLITIS

« De rires d’enfants, des écoles, des jeux, bref, de la vie… Quoi de plus ordinaire ? Banales, les images de Denys Piningre le seraient si ces rires ne venaient pas d’un lieu dont le nom est à jamais frappé de malédiction : Chatila. Ce camp de réfugiés palestiniens situé dans la banlieue sud de Beyrouth, où les phalangistes libanais s’adonnèrent au plus épouvantable des massacres dans la nuit du 16 au 17 septembre 1982, exterminant à l’arme blanche ou au fusil-mitrailleur vieillards, femmes et enfants. La force du film de Denys Piningre, Chatila, les femmes et les enfants, réside dans le contraste entre le souvenir du cauchemar, évoqué par des photographies de corps atrocement mutilés, les propos des rescapés, et les images d’aujourd’hui qui, envers et contre tout, se ­résument d’un mot presque irrationnel : l’espoir. On y entend notamment Abu Mujahed, directeur du Children & Youth Center et réfugié depuis 1948, qui décrit, laconique, le calvaire de son peuple.
Aujourd’hui, le camp reconstitué abrite une population apatride et traumatisée. Sans possibilité de retour sur leur terre ni chance d’obtenir des droits dans leur pays d’accueil, ses occupants survivent misérablement, sans eau courante, sans revenu. Un accès limité à l’électricité leur est permis moyennant 50 dollars par mois. Les coupures sont fréquentes, l’eau pompée directement du sol remonte par des tuyaux. Malgré ce tableau sombre, le documentariste dépeint l’espérance, la solidarité et la mobilisation de la population. Le Children & Youth Center accueille des enfants, leur donne des cours d’arabe et d’anglais, leur offre des activités récréatives. L’association Najdeh, créée en 1976 à l’initiative des veuves du massacre du camp de Tall Al Zaatar, forme des jeunes femmes à l’informatique.
Chaque témoignage communique l’attente du retour. Abeer Kassem, coordinatrice du Children &Youth Center, est née à Chatila, elle raconte l’importance de garder présente à l’esprit l’idée de Palestine. Les enfants qu’elle reçoit, issus de la troisième génération de réfugiés, ne doivent pas oublier leurs origines. « Personne ne sait quand le vent s’inversera. »
Sans pour autant tomber dans le tragique, le réalisateur donne à voir la vérité nue d’un peuple qui s’accroche à ses racines, entretient le souvenir, attend le jour du changement. Il fait habilement respirer le spectateur en alternant témoignages et images du camp. Les photos défilent et nous laissent le temps de nous imprégner des mots, de les digérer, d’en prendre toute la mesure. Le cauchemar des Palestiniens n’existe pas qu’en Palestine. Il y a ceux qui attendent, il y a ceux qui sont nés sans connaître leur pays, il y a ceux pour qui la Palestine n’est qu’un fantasme. Volontairement, parce que ce n’est pas son propos, Denys Piningre ne s’étend pas sur le contexte du massacre de septembre 1982. Lorsque l’armée israélienne est entrée dans Beyrouth, puis lorsque le général Sharon, alors ministre de la Défense, a décidé de poursuivre la traque jusque dans les camps palestiniens qu’il savait pourtant vidés de leurs combattants. Après avoir essuyé un refus de l’armée libanaise, c’est aux milices phalangistes qu’il s’adresse pour faire « le travail ». Affirmer que l’état-major israélien ne savait pas ce qui allait advenir relève évidemment du mensonge le plus éhonté.
À Jérusalem, le général Rafaël Eytan déclare devant le Conseil des ministres : « La seule chose qui va se produire est une explosion de vengeance. On peut imaginer comment cela commencera, pas comment cela se terminera. » Quant au général Amos Yaron, il assistait à la réunion des phalangistes peu avant leur entrée dans les deux camps de Sabra et de Chatila : « Faites ce que votre cœur vous dit de faire, tout vient de Dieu », lance un chef phalangiste en guise de consignes. Ils agiront à la lumière des fusées éclairantes lancées complaisamment par l’armée israélienne. Plus tard, lorsque Eytan téléphone à son ministre de la Défense au milieu de la nuit pour lui faire part de l’ampleur du massacre, Sharon décide… de se recoucher [1]. Ces éléments pour l’histoire ne sont pas dans le film. Mais la tragédie est omniprésente, comme en creux. Le film de Denys Piningre est au meilleur sens du mot une œuvre de résistance. La résistance que les jeunes générations palestiniennes opposent au souvenir par leur simple volonté de vivre et de retrouver un jour leur véritable patrie. Mais cela, c’est encore une autre ­histoire. »

FICHE TECHNIQUE

Réalisation, image et son : Denys PININGRE
Montage : Gérard PAROLDI
Musique : TRIO JOUBRAN, Marcel KHALIFA
Une coproduction : AMD et l’association Chatila, les enfants de l’espoir

BONUS DU DVD

  • Entretien avec Denis Sieffert (directeur du journal Politis) : 1948, la "Nakba" et la création de l’État d’Israël, 1982 et le massacre de Sabra et Chatila.
  • Présentation de l’association "Chatila, les enfants de l’espoir" par son président Jean-Yves Boiffier.
  • Présentation de la "Swedish Foundation for the Children & Youth Center in Shatila" par sa présidente Eva Hammad.

L’ASSOCIATION CHATILA, LES ENFANTS DE L’ESPOIR

L’association existe depuis 2006. Son objet est d’apporter un soutien pérenne, sous forme de parrainage, destiné aux enfants du camp de réfugiés palestiniens de Chatila au Liban.
Elle a besoin de votre contribution pour vivre.
Plus d’informations sur le blog de l’association.

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